Depuis le 1er septembre, les particuliers sont à leur tour concernés par les interdictions liées à la mise en place de la ZFE. Les Crit’Air 5 et + sont interdits et dès l’année prochaine, ce seront les Crit’Air 4. L’ouverture de l’Agence des mobilités dans le 6e arrondissement est une première étape du dispositif déployé par la Métropole pour accompagner ces différentes étapes. Propos recueillis par Lionel Favrot
Pourquoi créer une agence des mobilités ?
Fabien Bagnon : Parce qu’on s’est engagés dans une stratégie de développement des alternatives à la voiture avec les nouvelles lignes de tram’, les nouvelles voies vélo… Sans oublier bien sûr la mise en place de la Zone à faibles émissions. Ouvrir cette agence ne relève pas d’une obligation réglementaire mais bien d’une volonté politique des écologistes d’accompagner nos concitoyens dans ces évolutions. Son rôle ce sera d’informer et de conseiller. Par exemple les propriétaires d’une voitureCrit’Air 5 ou +, interdites depuis début septembre, qui n’ont pas pris connaissance des subventions existantes. Ou ceux qui veulent anticiper les prochaines échéances.
Quel impact attendez-vous ?
50 % des déplacements de moins de 3 km s’effectuent encore en voiture. On voit bien le potentiel de report vers les modes alternatifs que cela représente. Même si on déduit les personnes qui ont des difficultés de déplacements ou des lourdes charges à transporter.
Ce report modal, ce n’est pas une chimère ?
Il y a beaucoup de captifs de la voiture… On a mené une expérimentation intéressante. On a sélectionné 20 foyers, sur tout le territoire de la Métropole, qui avaient une forte dépendance à la voiture, pour leur proposer de s’en passer pendant deux mois et demi. Des conseillers leur ont donné accès au réseau TCL, à l’autopartage, au vélo à assistance électrique… Le retour a été vraiment très positif.
Où étaient les blocages ?
Au départ, ils avaient des idées préconçues. Certains sous-estimaient le développement des transports en commun, d’autres n’avaient jamais essayé de VAE. Grâce à cet accompagnement, ils ont découvert les moyens de se déplacer autrement.
Combien de personnes vont être présentes dans cette agence ?
Elle ouvre au 120 rue Masséna avec trois personnes au départ mais cela va rapidement progresser. En effet, dès 2024, on passe à l’interdiction des Crit’Air 4 ce qui concerne beaucoup plus d’automobilistes. On va aussi déployer une information numérique avec des assistants en ligne. Par ailleurs, il y a des équipes pour traiter les dossiers de demande de subventions à la Métropole. Et l’ouverture de cette agence fait partie d’une démarche plus large avec la création d’une Société publique lyonnaise de mobilités.
Quelles seront les missions de cette Société publique lyonnaise de mobilités ?
La première mission, ce sera donc l’information et l’accompagnement via cette agence des mobilités qui lui est adossée. Ensuite, dès 2023, la SPLM va récupérer la gestion du stationnement payant en voirie de la Ville de Lyon mais aussi la gestion, l’exploitation et la maintenance des parkings relais des gares TER et des aires de covoiturage. La SPLM va aussi déployer une offre de stationnement sécurisée pour les vélos. L’année suivante, elle commencera à reprendre les 15 parcs métropolitains de stationnement.
Pourquoi ce transfert des parkings ?
Parce que leur gestion devait être rouverte à la concurrence à partir de 2024 et il nous a semblé plus cohérent d’en conserver la maîtrise. Ils représentent plus de 8 000 places voitures et vélos sur des secteurs particulièrement stratégiques comme la Presqu’île et la Part-Dieu. Cela concerne les parkings gérés par LPA, Effia et Q-Park. On veut regrouper ces différents services de mobilités mais aussi éviter l’arrivée d’opérateurs privés qui ne seraient pas en phase avec notre politique de transport. Cela évite aussi un dumping social désastreux pour LPA.
LPA va disparaître ?
Non. LPA va continuer. Tout d’abord, il faut être conscient que cette reprise des parkings de la Métropole par la SPLM va s’étaler sur une quinzaine d’années. Cela ne peut se faire qu’à l’échéance des contrats et certains sont très longs. LPA conservera aussi les parkings dont il est propriétaire : Tony Garnier, Béraudier et Ney. LPA va aussi gérer des activités en croissance comme la logistique urbaine via les parkings mais aussi le HLU*. LPA va aussi se positionner comme opérateur d’électro-mobilité. Pour l’instant, c’est gratuit pour les utilisateurs LPA mais cela pourrait évoluer.
D’autres pistes de développement pour LPA ?
LPA & Co. Il s’agit de poches de stationnement inutilisé qui lui sont confiées en gestion. Notamment des bailleurs sociaux. Cela représente déjà 1 000 places. LPA & Co vélo est aussi en lancement et est appelé à se développer.
La SPLM va-t-elle aussi reprendre des missions du Sytral ?
En fait, cela rejoint nos réflexions sur un découpage différent de la délégation actuelle des TCL. Le Sytral a décidé d’un allotissement différent c’est-à-dire que deux lots seront ouverts à la concurrence : métro et tramway d’un côté, trolley et bus de l’autre, afin d’être accessibles à davantage d’entreprises concurrentes. Par ailleurs, les parkings relais et la relation usager ont été sortis de ces lots pour être confiés directement à la SPLM. Mais les syndicats ont fait grève car ils craignaient un démantèlement du service des transports en commun lyonnais s’ils se retrouvent confiés à différents acteurs privés plutôt qu’un seul grand groupe comme aujourd’hui !Effectivement, mais on a apporté beaucoup de garanties, notamment un socle social pour éviter une concurrence féroce sur ce point entre opérateurs. À ma connaissance, il n’y a pas de nouveaux mouvements de grèves prévus à la rentrée.
Trouvez-vous normal que votre opposition ne soit pas représentée dans la SPLM ?
Oui, car c’est une entité très opérationnelle qui décline les politiques. Mais si d’autres villes en deviennent actionnaires, elles auront des représentants. Par ailleurs, à Sytral Mobilité, on avait proposé quatre sièges à l’opposition qui a refusé car elle en exigeait sept. Mais notre proposition tient toujours.
* Issu d’un partenariat LPA et la Poste, l’hôtel de logistique urbaine va ouvrir à Gerland. Cf entretien avec Fabien Bagnon dans le Mag2Lyon N°132