MND Group, installé en Savoie, met au point le Cabline, un nouveau mode de transport urbain non polluant. Une alternative au tramway comme l’explique Roland Didier, son directeur général.
Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de mettre au point un transport par câbles pour la ville ?
Roland Didier : On a ressenti une très forte demande des collectivités locales et des urbanistes en France suite au Grenelle de l’Environnement.
Quels sont ces avantages ?
Le transport à câble est électrique, donc silencieux et non polluant, il s’affranchit des problèmes de saturation de la circulation au sol et il permet de passer facilement les obstacles comme les voies ferrées, les ponts ou les fleuves.
Et il se révèle bien moins cher que le tramway.
Mais il existe déjà des systèmes de télécabines en ville ?
Aucun ne se rapproche de Cabline. Ce sont des systèmes traditionnels de montagne transposés à la ville. Des solutions que nous proposons également. Nous sommes par exemple sur l’appel d’offres lancé de Brest.
En quoi Cabline se différencie des télécabines de montagne ?
La cabine est placée au-dessus du câble et non en dessous. Ce qui permet de passer à moins de 10 m au dessus du sol au lieu de 20 pour les cabines de montagne. Il permet d’avoir des gares plus compactes, ce qui est intéressant en ville. Enfin, sa vitesse de translation est de 45 km/h pour permettre un débit plus important.
Comment ça marche ?
La cabine roule sur deux câbles extrêmement tendus et elle est tractée par un troisième câble. Cela se rapproche plus d’un tramway suspendu que d’une télécabine de montagne avec des stations situées tous les 500 m ou tous les 1 000 m pour monter les passagers par ascenseur. Chaque cabine peut emporter 20 à 40 personnes dont au moins un tiers assis. Ce qui permet de transporter 2 000 à 4 000 passagers par heure dans chaque sens.
Cela ne va pas être trop difficile de l’intégrer au paysage urbain ?
Il y a plusieurs freins psychologiques à ce type de transport. À commencer par la crainte qu’ont certaines personnes d’être en hauteur. Mais Cabline est moins haut que les systèmes de montagne.
Ce qui facilite aussi son insertion dans la ville.
Certains habitants craignent d’être vus chez eux alors qu’ils habitent en hauteur pour être plus tranquilles…
La vitesse de passage de Cabline ne permet pas d’observer ce qui se passe chez les gens. Notre système lève donc une grande partie des freins qui limitaient jusque-là le développement du transport à câbles en ville.
Cabline est vraiment moins cher qu’un tramway au sol ?
C’est sans commune mesure. 10 à 15 millions d’euros le kilomètre contre 30 à 40 pour un tramway traditionnel.
Quand votre système sera prêt ?
Nous sommes en phase de R&D avec plusieurs brevets déjà déposés pour une commercialisation fin 2016.
Est-ce qu’il y a des projets dans le Grand Lyon ?
La Communauté urbaine de Lyon étudie en interne cette option pour desservir le Grand Stade mais aucun appel d’offres n’a été lancé.
Cabline est adapté pour relier le centre de Lyon aux collines de Fourvière ou de la Croix-Rousse ?
Non car il peut remonter une pente de 10 % maximum. Quand le relief est important, on revient au système à câbles de montagne. Mais Cabline est vraiment un mode de transport urbain alternatif. Une véritable rupture technologique.
Article initialement publié dans le Cahier spécial Alternativ’City de Mag2Lyon n°58, juin 2014