La fameuse berline américaine de luxe 100 % électrique est désormais commercialisée à Lyon et ses atouts restent uniques avec une autonomie 500 km pour des performances records. Mag2Lyon a proposé de l’essayer à Gilles Vesco, élu chargé au Grand Lyon de l’écomobilité, et à deux patrons lyonnais Didier Caudard- Breille et Thierry Marin. Par Lionel Favrot
“CONDUITE APAISÉE”
Gilles Vesco, conseiller délégué de la Métropole chargé des nouvelles mobilités: “J’ai conduit beaucoup de voitures électriques mais aucune de ce niveaulà. J’avoue avoir été complètement bluffé. Passé l’effet “waaouh”, j’ai apprécié l’espace intérieur. On a cinq vraies places et un coffre immense. C’est important pour le covoiturage ! Le design extérieur et intérieur m’a paru très zen. Tout encourage à une conduite apaisée. La position de conduite est réglable avec précision. C’est juste parfait. J’ai été moins convaincu par la console qui m’a paru un peu haute. Mais l’immense écran qui commande tout, c’est évidemment impressionnant.
Côté performance, cette Tesla prouve qu’une voiture électrique n’est pas forcément une voiture urbaine. Elle aura un effet certain sur les indécrottables de la bagnole qui sont encore plein de préjugés sur cette motorisation. Ils regarderont l’électrique sous un nouveau jour. Ils ne pourront plus dire que le moteur thermique est la seule garantie de performance. Elle complète de manière décisive l’offre en démontrant qu’on peut rouler dans une grande voiture luxueuse tout en choisissant l’électrique. Évidemment, ce n’est pas la voiture du peuple. Personnellement, je n’aurais jamais les moyens de me la payer. Pour obtenir cette performance et cette autonomie, Tesla a dû utiliser des matériaux très haut de gamme, solides et légers comme le carbone, pour compenser le poids des batteries. Cela restera donc pour moi un beau rêve car on peut en parler avec tous les superlatifs. Il y a l’aspect “démonstration effect” mais on peut rouler avec elle tous les jours. D’ailleurs, je comprends que Tesla ait voulu aller au bout du concept en proposant une version 4 roues motrices encore plus puissante car elle a vraiment un côté vaisseau spatial.”
“AVANT-GARDISTE”
Thierry Marin, d’Alno Via Marutti : “J’étais impatient d’essayer la Tesla car elle représente pour moi l’innovation et même le futur. J’ai d’abord été impressionné par sa ligne originale mais très pure. Tesla n’a copié personne. Ils ont su imposer leur propre style. De l’extérieur, on perçoit une sportive, assez basse. On pourrait presque la prendre pour un coupé tellement l’intégration des portières est discrète mais c’est bien une 5 portes. Pour moi, le design intérieur rappelle qu’on est dans une voiture venue d’outre-atlantique avec un tableau de bord imposant et des sièges avant assez proches l’un de l’autre. Mais le conducteur n’est pas assis trop bas comme je le craignais. Je me suis trouvé très à l’aise avec des sièges sports et confortables. Le cuir est très beau, la fi nition excellente… Le seul bémol c’est la banquette arrière si on l’utilise en 3 places car elle manque alors vraiment de maintien. Le côté avant-gardiste avec cet écran immense m’a un peu dérouté au début car on est habitué à des voitures où il y a plein de boutons. L’intérieur de la Tesla est très sobre. Ce qui m’a aussi étonné, c’est qu’on a envie de rouler doucement quand on s’installe à son volant pour profi ter du paysage en silence. Le comportement routier est excellent, très équilibré, même si on sent qu’il s’agit d’une propulsion. J’aurais éventuellement apprécié des suspensions un peu plus fermes. Pour résumer, je dirais que Tesla a réussi un compromis entre une Audi et une Jaguar. On ne laissera personne indifférent au volant de cette auto. Mais je ne sais pas si c’est nécessaire de prendre une version haut de gamme encore plus puissante. Avec le modèle essayé, on peut déjà vite se retrouver à des vitesses élevées. Sans bruit de moteur ni de boîte séquentielle pour monter les rapports, on s’en rend moins compte que dans une voiture classique. En tout cas, Tesla démontre qu’on peut motoriser une voiture de 2 tonnes avec de l’électrique. Moi, je roule très peu en ville pendant la semaine. En revanche, j’apprécie de pouvoir rouler le week-end dans une voiture haut de gamme sans forcément polluer. J’ai donc hâte que ce type de motorisation vienne aussi sur des SUV ou des 4×4.”
“SURPRENANTE”
Didier Caudard-Breille, pdg de DCB International: “J’ai pu découvrir lors de cet essai une voiture associant le sport et le luxe à l’électrique. Sa ligne fl uide la situe bien dans son époque avec ses phares profi lés mais son look n’est pas exceptionnellement original. La vraie surprise est ailleurs. C’est en m’asseyant à son volant que j’ai été subjugué. Il n’y a pas d’équivalent sur le marché. On est vraiment dans la voiture du 3e millénaire. Tesla a gravi les marches 4 à 4 pour nous emmener carrément dans un autre monde. Elle est électrique mais aussi totalement connectée. Tout peut se commander depuis l’immense écran central qui permet de planifi er ces trajets en fonction des superchargeurs disponibles sur la route. Même le mode d’emploi a été numérisé. J’ai aussi bien apprécié son habitabilité. Les sièges avant sont bien enveloppants et chauffants. Les réglages sont si précis que des conducteurs de toute corpulence trouveront une position de conduite idéale. À l’arrière, si on met l’accoudoir, on a deux très belles places. Un intérieur raffi né, futuriste et spacieux. En ce qui concerne l’électrique, les accélérations sont tout simplement fantastiques. Je ne veux viser personne mais j’ai bien l’impression que cette Tesla accélère plus fort que certains 12 cylindres de très grandes marques ! On est vite arrivé aux limites qu’on peut atteindre sur les petites routes qu’on a empruntées. Une puissance impressionnante. Et sans bruit ! Elle est vraiment surprenante ! Les amoureux des carburateurs et des pistons vont peutêtre regretter cette absence de bruit. Mais est-ce qu’on a tant besoin d’entendre un moteur pour apprécier de conduire ? Peut-être que c’est une sensation qui va devenir surannée, ou même ringarde… Personnellement, j’entends toujours avec plaisir les moteurs atmosphériques et leurs musiques différentes. Mais après l’essai de la Tesla, je me demande si on ne va pas vivre le même phénomène qu’avec les boîtes automatiques. On en voit de plus en plus alors qu’à une époque, les conducteurs français ne voulaient pas en entendre parler. Aujourd’hui, les idées reçues sur l’électrique sont énormes. Mais une fois qu’on a essayé… Si seulement la moitié des voitures étaient électriques, quel progrès en terme de pollution au coeur de nos villes ! Quant au prix, il est élevé mais comparable aux voitures de sa catégorie.”
Les Tesla
Il n’y a pas une Tesla, mais plusieurs, depuis le modèle “d’accès” jusqu’à la supersportive. Le modèle essayé est une Tesla P85. Cette propulsion de 421ch dispose d’une autonomie de 502 km avec un 0 à 100 km/h parcouru en 4,4 secondes et une vitesse de pointe de 210 km/h. Son tarif : 103 528 euros avec ses options (toit panoramique en verre 4 600 €, pack technologique 4 300 €, intérieur premium 3 600 €; suspensions smart air 2 300 €; blanc nacré 1 500 €; fi nition fi bre de carbone 1000€; pack climat glacial 750 €). Elle vient d’être remplacée par une nouvelle version haut de gamme, la P85D, qui reçoit, à l’avant, un second moteur électrique de 224ch pour une puissance totale de 700 ch (0 à 100 km/h : 3,4 secondes, vitesse de pointe 250 km/h, autonomie 480 km, 100 100 euros). Trois autres modèles sont au catalogue : la 60 de 385 ch (batterie de 60 kWh, 0 à 100 km/h : 6,2 sec, vitesse de pointe 190 km/h, autonomie 390 km, 65 000 euros), la 85 de 385 ch (batterie de 85 kWh, 0 à 100 km/h : 5,6 sec, vitesse de pointe 225 km/h, autonomie 502 km, 75 000 euros) et la 85Dual Motor avec 380ch en deux moteurs de 190 CV chacun, l’un à l’avant et l’autre à l’arrière (batterie de 85 kWh, 0 à 100 km/h : 5,4 sec, vitesse de pointe 250 km/h, autonomie 502 km, 80 100 euros). Ces prix intègrent la déduction du bonus écologique (6 300 €). A noter que les Tesla sont des modèles imposants : 4,97 m de longueur pour 2,19 de largeur avec un volume de charge total de 1 792 l puisque l’absence de moteur permet d’avoir deux coffres, l’un à l’arrière, l’autre à l’avant.