Organisateur d’AlternativAuto, le salon lyonnais de l’électrique et l’hybride, Mag2Lyon va à la rencontre de ceux qui ont franchi le pas. Déçus ou convaincus par ces nouveaux modèles ? Ce mois-ci, Daniel Gallety, pdg de Comsider, une entreprise de Lissieu qui a aussi proposé à ses salariés de le suivre dans sa “conversion” à l’électrique.
Comment êtes-vous passé à l’électrique ?
Daniel Gallety : Je roule beaucoup pour mon travail, avec des trajets réguliers vers l’Italie où sont installés les usines métallurgiques que nous représentons en France. J’ai d’abord roulé avec des modèles turbo-diesel, notamment des monospaces, mais leur niveau de pollution m’a toujours perturbé. J’ai donc ensuite eu trois hybrides, des Lexus 450h. Et un jour, un copain m’a parlé de la Tesla.
Vous considérez-vous écolo ?
Disons que je suis partisan d’un développement soutenable pour reprendre l’expression anglo-saxonne de sustainable développement. C’est plus largement une philosophie de vie. Je fais attention à mener une vie équilibrée et à proposer un cadre de travail agréable dans l’entreprise. Notre bâtiment est feng-shui par exemple.
La Tesla vous a-t-elle convaincu dès le premier essai ?
Oui. Son prix m’a quand même paru très élevé. J’ai donc fait des calculs pour voir si je ne serais pas gagnant en intégrant également le coût à l’usage dans ma comparaison car l’électricité coûte moins cher que l’essence. De plus, les modèles électriques nécessitent moins d’entretien. Et la réponse était positive. J’ai donc acheté ma première Tesla et j’en suis à ma troisième.
N’aviez-vous pas peur de tomber en panne faute de trouver les bornes spéciales permettant de recharger rapidement la Tesla ?
Si, bien sûr. D’autant que Tesla n’avait pas encore installé autant de Supercharged qu’aujourd’hui quand j’ai acheté le premier modèle. Mais j’ai trouvé la solution en demandant aux hôtels qui m’accueillaient régulièrement en Italie de m’installer une prise sécurisée pour recharger la nuit.
Et maintenant, comment cela se passe ?
Le réseau s’est développé. Aujourd’hui, je roule 50 000 km par an avec ma Tesla car je vais dans toute la France mais aussi en Italie et en Allemagne.
Pourtant, des propriétaires de Tesla se plaignent d’une autonomie qui diminue de 500 à 350 km assez souvent, ce qui les obligent à conserver une voiture thermique pour les longues distances… Ce n’est pas du tout mon cas. Je gère l’autonomie de ma Tesla de manière totalement fluide depuis bientôt trois ans. Le système interne embarqué de repérage des points de charge est super efficace. Mais je reconnais que c’est une organisation de vie. En fait, je me débrouille toujours pour faire correspondre mes temps de charge à mes arrêts. Du coup, je ne perds pas de temps.
Un exemple de voyage en Tesla ?
Je pars avec une charge pleine de Lyon mais je sécurise en partant un peu plus tôt pour m’arrêter petit-déjeuner à Chambéry et en profiter pour la brancher une demi-heure. C’est une sécurité pour rallier sans problème Turin où je peux maintenant me charger à différents endroits.
Mais si vous sortez de vos trajets habituels ?
Aujourd’hui, avec le développement des Supercharged, je vais où je veux. En une demi-heure, je récupère 80% de la charge. Exemple : je dois bientôt aller dans l’ouest de la France. Je sais déjà que j’ai une borne à Clermont-Ferrand et que j’en trouverai sur ma route en rejoignant Bayonne avant de remonter toute la côte jusqu’à Nantes.
Jamais d’embouteillage de Tesla aux Supercharged ?
Cela m’est arrivé une fois à Chambéry mais ils en ont ouvert un deuxième avec plusieurs prises. Le problème est plutôt à Lyon car les plus proche sont à Vienne au sud et Mâcon au nord. Moi, cela ne me gène pas car je me charge à l’entreprise sur une wallbox de 22kw que j’ai fais installer. En 2-3h je suis chargé.
Arrivez-vous réellement aux 500 km d’autonomie annoncés ?
Dans la réalité, c’est plutôt 420 km au compteur mais je n’ai jamais voulu me mettre en difficulté. Du coup, je ne roule jamais plus de 350 à 360 km avant de recharger. Il faut aussi préciser que je respecte toujours les limitations de vitesse. Je suppose que ceux qui jugent l’autonomie d’une Tesla insuffisante dépassent les 130 km/h sur autoroute…
Est-ce que vous perdez en autonomie l’hiver ?
Oui, quand le thermomètre descend à -15°C dans les stations de ski, on doit perdre 8km d’autonomie par 24h. C’est pour moi là encore un faux problème car les stations commencent elles-aussi à s’équiper en points de charge.
Utilisez-vous le pilotage automatique qui est accusé d’avoir tué un propriétaire de Tesla aux Etats-Unis car il aurait mal distingué des nuances de blanc ?
Oui ! Je pense avoir roulé au moins 40 000 km avec le mode Autopilot de ma Tesla. C’est fantastique. J’aurais du mal à rouler désormais autant sans ce mode Autopilot. Mais on raconte beaucoup de bêtises sur cet équipement. Elon Musk n’a jamais prétendu que la Tesla était totalement autonome. Il recommande de garder les mains sur le volant et d’être vigilant. Personnellement, je suis particulièrement attentif dans les zones de travaux.
Aujourd’hui, vous repasseriez en thermique ?
Non. D’ailleurs, Tesla m’envoie souvent des clients cherchant un retour d’expérience d’un vrai client. Mais je leur explique aussi qu’il faut faire un travail sur soi si on veut vraiment profiter des atouts de cette voiture. Avec les thermiques, on s’est tous habitués à ne plus se poser de question sur l’autonomie. Si on consomme plus que prévu, pas d’importance. Mais ce travail sur soi est très bénéfique car l’électrique rend zen.
Et pourquoi proposez-vous des Nissan Leaf à certains de vos salariés ?
C’est en cohérence avec la démarche écologique qui vise à réduire l’impact environnemental de l’entreprise. Mais cela n’est pas comparable à la Tesla. En terme d’autonomie, la Leaf est adaptée à des trajets urbains ou péri-urbains. Je la propose donc aux commerciaux sédentaires. Actuellement, six en bénéficient. L’idée, mais c’est une simple suggestion, c’est qu’ils abandonnent une des deux voitures de leur ménage. Ce qu’ils ont fait généralement car la mise à disposition d’une Leaf leur apporte un gain immédiat en pouvoir d’achat. Et leurs retours sont très positifs.
Article publié dans le Mag2 Lyon n°82, septembre 2016