Utilitaires : essai du Peugeot e-Expert

Que valent les utilitaires électriques? C’est la grande inquiétude des entreprises, d’ores-et-déjà concernées par les restrictions de la ZFE. L’offre est réduite, l’autonomie insuffisante et les prix élevés. Difficile de contester la question du prix. En revanche, il est clair que ces véhicules restent mé- connus. Mag2Lyon a donc décidé d’élargir davantage ces essais à ces modèles tout en recueillant justement l’avis des profes- sionnels concernés.  Par Lionel Favrot

Rendez-vous est pris chez Stellantis dans le 8e arrondissement pour essayer le Peugeot Expert équipé d’une batterie de 75 kWh, permettant officiellement une autonomie de 250 km à 350 km selon la météo et l’usage. Ce qui le situe dans les meilleurs de sa catégorie. Première impression: le design est agréable pour un utilitaire et l’intérieur bien fini. Mais on veut surtout voir l’autonomie réelle. Au départ, avec une température d’environ 6 °C, il affiche 278 km. On commence par un trajet urbain jusqu’au 9e arrondissement en passant par la Part-Dieu et Villeurbanne. L’occasion de se mettre dans la po- sition d’un livreur ayant besoin de charger. L’écran tactile n’est pas toujours simple à manipuler mais on parvient à afficher la carte des bornes de recharge. Une constellation de points bleus rassurante. Le maillage est déjà dense dans le centre- ville, en rive gauche et à Villeurbanne mais plus clairsemé sur le plateau de la Croix-Rousse et à Vaise. On trouve donc très rapidement une première borne le long du tramway, vers le Pôle Pixel. Manque de chance, une autre Peugeot est déjà là mais dans un piteux état. Un automobiliste a abandonné sa voiture accidentée sur une des places de charge. Difficile de glisser les 5 m de cet e-Expert devant cette voiture malgré sa caméra de recul très pratique. D’autant qu’on bloque cette rue à sens unique. La carte indique une autre borne à quelques centaines de mètres. Mais cette fois, c’est une Rolls Royce cabriolet immatriculée en Suisse qui occupe la place dévolue à la charge. On file cette fois jusqu’à la rue Montgolfier dans le 6e arrondissement où quelques modèles de luxe chargent déjà. Plusieurs places en épis faciles d’accès restent disponibles. Pour le coup, ce n’est pas le nombre de bornes de recharge qui pose problème mais leur inaccessibilité par manque de civisme et de contrôle.

CONDUITE APAISANTE
Si on a prévu d’aller dans le 9e arrondissement, c’est pour se rendre à Greenopolis, la même zone d’activités BBC où est installé le chef d’entreprise lyonnais qui a été un des premiers à s’équiper de Renault Zoé à Lyon. Cette fois, on veut proposer à Cyclable, une société qui commercialise des vélos à assistance électrique auprès d’entreprises et de collectivités locales, de prendre le volant de cet utilitaire léger. En effet, devant livrer des VAE et des VTTAE dans la Métropole de Lyon mais aussi à d’autres points plus éloi- gnés en France, cette société utilise un utili- taire diesel pour assurer tous ses trajets sans souci d’autonomie. “On réfléchit à passer à l’électrique dans le cadre de notre démarche RSE. Et ce serait cohérent avec notre activité”, nous a confié Jean-Christophe Brog- gini, son dirigeant. Cyril, le collaborateur de Cyclable qui assure le plus souvent ces livraisons, se prête au jeu.
“On n’entend rien !”, s’étonne ce jeune conducteur qui précise ne jamais avoir conduit d’électrique. “Mais je ne suis pas sûr que les piétons m’entendent aussi arri- ver !”, constate-t-il en évitant une dame âgée sortant de sa voiture à Champagne. La première montée confirme sa surprise : “On n’a pas ce bourdonnement permanent du moteur diesel, on ne sent pas le moteur qui peine en sous-régime ni la nécessité de rétrograder. On roule tout aussi fluide que sur le plat.” Un petit tour dans les Monts d’Or avec une pointe à 80 km/h en pleine côte démontre le couple généreux de cet utilitaire.
Dans les décélérations et les descentes, Cyril découvre le frein dégénératif qui charge la voiture. “On a déjà fait environ 8 km et on a encore les 256 km d’autonomie du départ”. On enchaîne par un petit tour sur le péri- phérique. Cette fois, le Peugeot e-Expert perd 1 km d’autonomie pour un 1 km parcouru. L’essayeur d’un jour apprécie aussi la puissance de freinage et le confort des suspensions de ce Peugeot. Seul regret: la position du sélecteur du mode parking/marche avant/marche arrière/frein moteur situé trop bas. “Le tableau de bord est vide. Peugeot aurait pu le mettre plus haut, dans la vision directe du conducteur”. Cyril sort convaincu de cet essai. Il aimerait quand même être rassuré sur la durée de vie d’une batterie et sa recyclabilité. “En tout cas, je suis sûr qu’on va réflé- chir à rouler électrique. C’est une conduite plus apaisante !” Mais ce modèle ne pourra pas assurer un aller-retour Lyon-Strasbourg sans charge en cours de route. “Vous êtes sûr qu’il n’existe pas de kit additionnel qui permettrait d’allonger l’autonomie?”, insiste Cyril, décidément emballé par le silence de fonctionnement de l’électrique qu’il aimerait bien retrouver également sur auto- route! Peut-être un futur client pour les modèles hydrogènes dont la pile à combustible augmente justement l’autonomie des voitures électriques. La version hydrogène de ce Peugeot e-Ex- pert dont la production vient tout juste de commencer est par exemple annoncée pour 400 km.

Ce Peugeot e-Expert a été prêté par Stellantis 26, boulevard Joliot-Curie 69008 Lyon