“J’avais envie depuis longtemps de lancer mon entreprise. Le Covid a été vraiment un déclencheur”, résume Thibaud Thomé, 35 ans. Sportif, il a pris l’habitude de se rendre à son travail à vélo depuis son retour à Lyon il y a 4 ans. L’achat d’un VAE va être un déclic pour ce vélotafeur. “Je me suis rendu compte que rien n’était organisé pour le vélo d’occasion”, se rappelle ce jeune entrepreneur. Sa décision est alors prise. En juin 2021, il monte Rutile pour commercialiser des VAE reconditionnés et garantis. Début 2022, il est rejoint par Adrien Goxe qui a notamment travaillé chez Cresus, la success-story lyonnaise des montres haut de gamme d’occasion. Une expérience BtoC précieuse. “J’ai appris qu’il ne fallait surtout pas traiter l’occasion comme de l’occasion mais offrir une expérience premium aux clients”, explique ce Lyonnais.
Rutile se montre très sélectif à l’achat des vélos. Une première série de 70 vélos a permis de valider le modèle économique. 50 venaient d’Allemagne où le marché du VAE reconditionnés a quatre ans d’avance. “Le leasing pour les flottes de vélo est très développé dans ce pays alors qu’il en est aux balbutiements en France. Mais des levées de fonds se préparent pour lancer le marché”, précise Thibaud Thomé.
HISTORIQUE PRECIS
Les VAE et VTTAE haut de gamme reconditionnés sont recherchés car cela permet de s’offrir souvent à moitié prix un modèle qui peut, neuf, coûter 4 000 € ou plus. Pour convaincre les acheteurs d’investir en moyenne 2 000 € dans un vélo qui a déjà roulé, Rutile doit d’abord rassurer sur la durabilité de la batterie. “Les modèles haut de gamme, Bosch en particulier, mais aussi Yamaha, Panasonic, Shimano… offre une durabilité très supérieure aux entrées de gammes vendues dans la grande distribution”, insiste Thibaud Thomé.
De plus, Rutile achète à des professionnels qui ont confié ces vélos en leasing à des salariés se rendant à leur travail. “Ils n’ont pas fait les fou-fou car ils en avaient besoin au quotidien. Ils ont utilisé raisonnablement l’assistance électrique.” Il faut préciser que les batteries Bosch par exemple, enregistrent un historique précis de leur utilisation. Nombre de recharges, usage de l’assistance électrique, température d’exposition… “On n’achète aucun vélo dont la batterie est usée à plus de 80 %. Et avec Bosch, on connaît le pourcentage d’utilisation par type d’assistance. Du coup, si l’acheteur craint que la batterie, après 15 000 km, soit HS, on peut lui révéler son état”, ajoute Thibaud Thomé. “C’est un vrai parti pris d’être totalement transparent. On ne dit pas aux clients que leur achat est un pari sous prétexte que c’est de l’occasion”, renchérit Adrien Goxe, “Roulez utile roulez Rutile !”.
Rutile précise souvent changer les pneus et les plaquettes, ou encore les trois points de contacts du cycliste -poignées, selles et pédales- mais dans 99 % des cas, la batterie n’a pas besoin d’intervention. Le reconditionnement est assuré chez des Lyonnais, Doctibike pour les batteries et Vélogik pour la révision générale. Tout l’intérêt d’évoluer dans cet écosystème concrétisé par l’ouverture de l’Usine à vélo à Villeurbanne. Les marques disponibles sont variées. Aux côtés des incontournables Moustache, Lapierre, Peugeot, Gitane, Giant, KTM, Focus, Haibike, Cube, Pegasus, on trouve des marques moins répandues en France comme Kreidler ou Goodride. Ou encore les vélos connectés des marseillais Iweech et les modèles pliables du lyonnais Eovolt. Les tendances marquantes : le vélotaf mixte à col-de-cygne et le VTC ou e-trekking. Les ambitions de Rutile : 1 million de chiffre d’affaires en 2023 avec une diffusion nationale renforcée grâce à des rendez-vous en visio et du click&collect chez des partenaires.
Photo : Thibaud Thomé et Adrien Goxe
Article publié dans Mag2Lyon N°148
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